Si tu devais résumer le Strongman en une image : un colosse qui avance, torse bombé, avec une pierre massive plaquée contre lui, le souffle court, les jambes qui tremblent… ce serait probablement le Húsafell Stone Carry. Ce n’est pas juste une épreuve : c’est une quête. Une marche où tu affrontes autant le poids de la pierre que le poids de l’effort. Dans cet article, on va décortiquer ensemble cette épreuve mythique pour t’aider à la comprendre, à t’y préparer et, peut-être, à l’apprivoiser.
D’où vient la Húsafell Stone ?
Le nom vient d’un lieu bien réel : la ferme d’Húsafell, en Islande. Là-bas repose une pierre légendaire, pesant 186 kg, utilisée à l’origine pour fermer un enclos à moutons. Elle est devenue un rite de passage : si tu pouvais la soulever et marcher autour du pén (enclos), tu étais un homme. Si tu faisais un tour complet, tu étais un fullsterkur : « entièrement fort » en islandais.
Aujourd’hui, cette pierre inspire des répliques dans les compétitions Strongman du monde entier.
L’épreuve en compétition
Dans les formats modernes, on utilise soit une réplique en béton de la vraie Húsafell, soit une version en métal en forme de bouclier.
Le principe est simple : soulever la pierre, la plaquer contre ton torse, et marcher le plus loin possible.
La distance peut être libre (maximale en un seul effort) ou imposée (par exemple, 50 mètres chronométrés).
Pourquoi c’est aussi dur ?
Parce que tout est contre toi.
- La forme est asymétrique : elle t’écrase et te déséquilibre.
- Le grip est inexistant : pas de poignée, pas de prise.
- L’oxygène manque : la pierre appuie sur ta cage thoracique.
- La brûlure musculaire arrive vite : bras, biceps, dos, jambes… tout prend feu.
Ce n’est pas juste un test de force, c’est un test de volonté. Tu marches jusqu’à ce que ton corps dise non. Et tu continues quand même.
Comment la soulever (sans te détruire)
- Position de départ : penche-toi, bras autour de la pierre, enroule-la comme si tu voulais l’aspirer contre toi.
- Soulevé de terre modifié : pousse dans les jambes et tire comme pour un deadlift, mais en contractant tout pour que la pierre reste collée à ton torse.
- Verrouillage : remonte les hanches, cale bien la pierre contre ton plexus, bras serrés, coudes bas. C’est ta posture de marche.
Stratégie de marche : stabilité, rythme, mental
- Pas courts et rapides : évite de trop balancer la pierre, garde un rythme constant.
- Regarde devant toi, pas tes pieds. Ton regard guide ton équilibre.
- Respire ! Même avec la pression sur le thorax, trouve un rythme de respiration courte mais régulière.
- Pense en mètres, pas en secondes : chaque mètre est une victoire.
Conseils d’entraînement
Front carries lourds
Utilise des sandbags, des boucliers ou des plaques pour simuler la charge. L’objectif : marcher, marcher, marcher.
Renforcement du haut du dos et des bras
Rows, shrugs, biceps curls, mais aussi gainage actif : tout ce qui t’aide à maintenir une charge contre toi plus longtemps.
Travail mental
Ajoute des finishers où tu portes une charge jusqu’à l’échec. Tu dois habituer ton cerveau à la douleur et à la lutte contre l’abandon.
Références de légende
- Hafthor Björnsson a réalisé un portage de 186 kg sur 90,45 mètres lors du Iceland’s Strongest Man 2019 — battant le record historique.
- Laurence Shahlaei, dans les compétitions européennes, a souvent dominé l’épreuve grâce à sa maîtrise technique, plus que par sa taille.
- Kevin Faires, en 2023, a battu le record du monde sur la version « replique » avec une distance de 25,35 mètres… avec 200 kg dans les bras !
Le Húsafell Stone Carry, c’est la marche de l’honneur du Strongman. Tu ne peux pas tricher. Tu ne peux pas poser. Tu peux juste avancer… ou abandonner. C’est une épreuve qui forge le caractère autant que les muscles.