Tengo Strong ou plutôt Tengo Motolione, est un ovni dans le paysage du Strongman français. Si tu traînes un peu sur YouTube ou TikTok, tu l’as forcément croisé : barbe grise, épaules d’armoire normande, et une gouaille bien à lui. Mais derrière l’humour et les punchlines, il y a un athlète qui a mis les deux pieds dans le monde du Strong avec une vitesse et une intensité rares. Ce portrait, après celui d’Aurélien Le Jeune, c’est l’occasion de plonger dans l’histoire d’un gars qui a tout misé sur la force brute et la passion.
Des débuts musclés, mais pas encore Strongman
Tengo, c’est d’abord un amoureux de la muscu.
Poids de corps à 14 ans, traction à une main, HSPU (pompes au mur) en série… Il a forgé une base solide bien avant de toucher une boule Atlas. Quand il débarque pour la première fois en salle à 19 ans, il pousse déjà 90 kg au développé couché. Sans programme, sans diète, juste en se fiant à son ressenti et en se défonçant à chaque séance.
Son parcours est atypique :
- Judo, roller, natation, volley…
- Un passage par l’armée
Puis se met à manger comme un monstre, prend du poids, de la force, et développe un physique massif : 1m70 pour plus de 140 kg.
C’est d’ailleurs ce gabarit qui attire l’œil d’Henri Rodolakis, président de la Fédération Française de Strongman, qui lui dit un jour : “Avec la force que t’as, faut que tu te lances.”

De gauche à droite : Forly BAKOUETELA, Aurélien LE JEUNE, Tengo MOTOLIONE
Un lancement fracassant (et un biceps en moins)
Tengo ne vient pas du circuit classique. Il ne fait pas ses armes en amateur : il rentre directement dans les compétitions élites.
Sa toute première compétition ? La finale du Championnat de France -105 kg. Pas le temps de tergiverser.
Mais dès ses débuts, il paie cash ses prises de risques. Lors d’une démonstration, Henri lui propose de retourner un pneu… il accepte, malgré le manque de technique. Résultat : début de rupture du biceps.
Derrière ça, il enchaîne avec la galère du Covid, l’absence d’équipement, et un entraînement bricolé entre deux journées de boulot en mécanique poids lourds.
Une progression express, portée par la passion
En 2022, les choses sérieuses commencent vraiment.
Tengo trouve enfin une salle spécialisée Strongman (dans le 77), s’équipe, structure ses entraînements et peut enfin toucher aux vraies épreuves : valises, axes, logs, boules… Il participe à plusieurs compétitions, notamment en France et en Allemagne, et impressionne par sa puissance naturelle.
En parallèle, il documente tout sur les réseaux sociaux : ses entraînements, ses galères, ses réussites. Sa chaîne YouTube “Tengo Strongman” devient un relais pour démocratiser le Strong, notamment auprès des amateurs.
Il insiste beaucoup sur un point : tout le monde peut essayer le Strongman.
Grâce aux catégories amateurs, tu peux débarquer à 70, 80 ou 90 kg et te tester sur des charges adaptées. L’idée, c’est de s’amuser, se dépasser, sans se mettre en danger. Et Tengo en est la preuve vivante : il est parti de zéro dans le Strong, avec juste une grosse force brute et l’envie de tout casser.
Un entraînement à la hargne
Tengo s’entraîne 3 à 4 fois par semaine. Pas plus. Il bosse, il galère comme tout le monde avec les trajets et les contraintes. Une séance strong lui prend 4 à 5 heures porte à porte. Alors quand il ne peut pas, il s’adapte et fait tout pour rester solide :
- Développé militaire
- Log press, axle
- Squat, soulevé de terre, trap bar
- Travail du grip et du gainage
Ses points forts :
✅ Les épaules (log, dumbbell, axle)
✅ Le mental de guerrier
✅ Une résistance à l’effort impressionnante
Ses points faibles :
❌ Le grip
❌ La vitesse
Mais il bosse, encore et toujours, pour progresser.
Un petit exemple de son point fort sur les épaules :
Une diète de titan
Tengo tourne à 6000 à 8000 kcal par jour, répartis sur 6 à 8 repas.
Pas de cheat. Pas de junk food. Juste du solide.
- Beaucoup de pâtes
- De la viande
- Du beurre de cacahuète
- Des compléments bien pensés (créatine, vitamines…)
👉 Le sucre ? Il évite. Les gâteaux ? IDEM.
Pour lui : C’est une bouffe d’objectif, pas de plaisir. La muscu, c’est sa base. Mais le Strongman, c’est sa passion. Et il se donne les moyens.
Tengo, c’est aussi des performances béton
Pas là pour faire de la figuration :
🇩🇪 En Allemagne, les juges ont failli le mettre direct en pro, rien qu’en le voyant débarquer
🏋️♂️ Log Press : 145 kg validés en compète, plus de 160 kg en développé militaire strict
🧱 Soulevé de terre : 340 kg en classique, plus de 400 kg à la trap bar
🔩 Compétitions sur valises, boules, tir de camion…
🇫🇷 3e à la finale et 4e au Championnat de France -105 kg en 2022
Tengo, un ambassadeur sans filtre du Strongman
Ce qui rend Tengo unique, c’est aussi son discours. Il parle vrai. Il n’idéalise rien. Il te raconte les blessures, la bouffe jusqu’à l’écœurement (8000 kcal/jour sans cheat), le dopage dans le milieu, les sacrifices pour concilier boulot et entraînement, les insultes reçues sur TikTok… mais il le fait toujours avec humour et autodérision.
Il n’a pas pour objectif de devenir champion du monde. Mais il veut faire rayonner le Strongman en France, montrer qu’on peut être fort sans être parfait, qu’on peut se lancer sans être un golgoth de 2 mètres, et qu’on peut rire en parlant de performance.
Tengo, c’est pas le champion parfait. Mais c’est un modèle pour tous ceux qui doutent. Il bosse, il s’entraîne dur, il parle vrai.
Tu veux te lancer dans le Strongman ? Tu crois que c’est réservé aux Golgoths ?
Détrompe-toi.
Comme il le dit si bien :
“Le vrai perdant, c’est celui qui n’a pas le courage de venir.”
Alors viens. Essaie. Force. Et peut-être qu’un jour, c’est toi qui soulèveras le pneu de 400 kg.