S’il y a une épreuve en Strongman qui te fait ressembler à un demi-dieu en train de faire basculer un tronc d’arbre de 300 kg comme si c’était un cure-dent, c’est bien le Fingal’s Fingers. Spectaculaire, brutal, technique… ce mouvement est un cocktail explosif de force, de timing et d’engagement total. Mais ne te laisse pas tromper : derrière le côté visuel impressionnant, cette épreuve est un vrai casse-tête technique. Et une punition pour les jambes et les épaules si tu t’y prends mal. On décode ensemble tout ce qu’il faut savoir pour le maîtriser.
C’est quoi exactement, le Fingal’s Fingers ?
Le principe est simple en apparence : faire basculer un poteau géant en métal ou en bois, pivotant autour d’un axe au sol, jusqu’à le faire tomber de l’autre côté. Ensuite ? Tu enchaînes avec un deuxième… puis un troisième… parfois jusqu’à cinq.
Chaque « doigt » (Finger) est de plus en plus lourd et long. On parle de charges entre 130 kg et 250 kg, avec une longueur de 4 à 6 mètres. Autant dire qu’on ne parle pas de bras de levier anodins.
Cette épreuve teste ta puissance d’épaule, ta poussée de jambes, ton explosivité, ta coordination… et ton mental.Parce que quand le 3e finger te retombe sur la clavicule, tu sais que t’es dans le vrai.
Une technique bien plus fine qu’il n’y paraît
Le Fingal’s Fingers ne se force pas, il se manipule.
1. Le départ : bras tendus, posture engagée
Tu démarres avec la base du doigt posée au sol, la partie haute en appui sur ton épaule. Tes mains sont en position type push press, en haut de la barre, bras légèrement fléchis. Tu dois être très proche du doigt, presque collé à lui, pour créer l’effet de levier optimal.
💡 Astuce : plus tu es grand, plus tu dois trouver le bon équilibre entre angle de poussée et puissance de hanche. Pour les plus petits, il faudra être encore plus explosif.
2. L’impulsion : exploser… mais pas n’importe comment
Tu vas pousser fort avec les jambes et les hanches pour initier le basculement. Il ne faut surtout pas tout miser sur les épaules — sinon c’est là que les blessures arrivent.
Tu crées une trajectoire ascendante, avec une poussée continue : pas un coup sec, mais un effort constant qui accompagne le finger jusqu’à son point de bascule.
3. Le finish : le coup de reins qui fait toute la différence
Quand le finger est à mi-hauteur, il faut accélérer, suivre le mouvement avec les bras tendus, et pousser au bon moment avec les bras et le buste pour finir la rotation.
Si tu t’arrêtes trop tôt, il te retombe dessus. Si tu pousses trop tard, tu gaspilles de l’énergie. Le bon timing, ça se travaille.
L’entraînement spécifique
Si tu veux progresser sur cette épreuve, tu dois renforcer trois grands axes :
- Explosivité bas du corps : jumps, squats dynamiques, push press, power clean…
- Gainage et stabilité : le core contrôle tout ici. Intègre des carries lourds, du farmer, du sandbag front hold.
- Technique de poussée verticale : notamment le log press ou le axle press, qui imitent bien la chaîne musculaire utilisée.
Et si tu n’as pas de Fingers pour t’entraîner ? Utilise une poutre longue avec une base pivot, ou remplace par du tyre flip lourd qui simule l’arc de mouvement.
Quelques erreurs classiques à éviter
- Tirer au lieu de pousser : erreur de débutant. Le travail vient des hanches, pas des biceps.
- Se précipiter sur le deuxième finger : tu dois récupérer un minimum entre chaque rep, sinon c’est la déchéance assurée.
- Ne pas accompagner le mouvement : si tu lâches le doigt avant la fin, il retombe, et tu perds un temps précieux (ou un peu de clavicule).
- S’entraîner uniquement en force max : cette épreuve est autant technique que physique. Travailler la fluidité est crucial.
Des performances qui marquent
- Tom Stoltman a impressionné au WSM 2022 avec sa vitesse et sa précision sur les Fingal’s Fingers, un enchaînement fluide comme une choré de MMA.
- Zydrunas Savickas, avec sa poussée d’épaule monstrueuse, les faisait voler comme des haltères de 20 kg.
- Et bien sûr, Magnús ver Magnússon, pionnier de l’épreuve, avait montré qu’un bon jeu de hanches pouvait faire basculer l’impossible.
Le Fingal’s Fingers, c’est une épreuve qui fait peur… mais qui est ultra satisfaisante à maîtriser. Elle demande de la technique, de la coordination, et un mental solide. C’est aussi un excellent test de puissance fonctionnelle : celle que tu ne triches pas.
👉 Tu veux t’améliorer ? Travaille ton explosivité, ton gainage, et entraîne-toi à pousser un objet instable avec rage et précision. C’est comme retourner un arbre… version Strongman.