Quand tu regardes un podium de World’s Strongest Man, c’est clair : les gars font la taille d’un frigo américain, avec les cuisses d’un veau et des bras comme des pylônes. Des colosses de 140 à 180 kg qui imposent juste par leur présence. Alors forcément, tu peux te dire : “Faut que je devienne une armoire à glace pour réussir en Strongman.” Mais est-ce que c’est vraiment une règle absolue ? Spoiler : pas du tout, et ça dépend surtout de ton objectif, de ta catégorie et de ta stratégie d’entraînement en tant que Strongman.
La masse, un avantage… mais pas une obligation
Oui, être massif t’apporte des avantages, c’est indéniable.
Plus de masse musculaire = plus de potentiel de force brute, surtout sur les mouvements lents et lourds.
Et un gabarit imposant peut clairement t’aider sur certaines épreuves :
- Le Yoke Walk ou le Farmer’s Walk absorbent mieux les chocs avec un corps solide et stable, surtout si tu dois bouger vite avec plus de 300 kg sur le dos.
- Sur un Atlas Stone, avoir un torse large donne un appui naturel pour caler la pierre, la serrer et la monter efficacement.
- Le Log Press ? Plus t’as de surface, plus tu peux caler la bête sur ta poitrine avant l’explosivité du push press.
Mais attention : ça ne veut pas dire que la masse seule suffit. Il faut la maîtriser, l’utiliser intelligemment.
Un corps lourd mais déséquilibré, peu mobile ou sans endurance devient vite un fardeau.
Être massif sans être mobile ? C’est le piège.
Tu peux faire 140 kg et te traîner comme un vieux tracteur, ou peser 100 kg et exploser sur toutes les épreuves. Parce que le Strongman, ce n’est pas juste de la force brute. C’est de la puissance, de la coordination, de l’endurance musculaire et un mental d’acier.
Tu dois bouger vite, être explosif, récupérer vite entre les épreuves, enchaîner les charges sans te cramer. C’est là que des gars comme Kalle Beck, Anthony Fuhrman (champion U105) ou certains athlètes u80/u90 français brillent : ils ne font pas 150 kg, mais ils compensent avec une technique impeccable, un cardio solide, une explosivité monstrueuse et une efficacité chirurgicale sur chaque mouvement.

La preuve par les catégories
Aujourd’hui, le Strongman est structuré avec différentes catégories, et ça ouvre des portes à tous les profils physiques :
- U80, U90, U105, Open, Master, chez les hommes.
- U63, U73, Open, chez les femmes.
Et les performances sont incroyables à tous les niveaux. Tu veux un exemple ? Christelle Mouandjo, sacrée femme la plus forte de France en 2022, a commencé par vouloir « juste perdre du poids à la salle ». Elle pèse moins de 75 kg, soulève 200 kg au deadlift, squatte 170 kg et charge des Atlas Stones de 115 kg.
Elle n’a pas le gabarit d’Hafthor ou de Donna Moore, mais elle a une puissance, une volonté et une technique qui font la différence.
Le message est clair : la force ne se lit pas toujours sur la balance.
Le facteur clé ? L’efficacité
Ce qui fait un bon Strongman, ce n’est pas juste le poids sur la balance. C’est :
- Ta force relative : combien tu soulèves par rapport à ton poids de corps.
- Ta vitesse d’exécution, surtout sur les épreuves chronométrées comme le medley ou le carry.
- Ton conditionnement : pouvoir enchaîner des efforts violents sans t’effondrer.
- Et surtout : ta technique. Un bon levier, un bon placement, un bon grip, une respiration bien calée… ça fait des miracles, surtout quand tu es à bout de souffle.
Être malin, savoir gérer sa course, choisir le bon tempo et connaître ses points faibles : c’est ça, être un athlète complet.
Alors, faut-il prendre du poids ?
Si tu veux passer en Open ou rivaliser avec les plus lourds, oui, tu devras sans doute monter en masse.
Mais pas n’importe comment. On parle de masse fonctionnelle, utile, mobile, solide. Pas juste de la graisse pour être plus lourd sur la balance.
Tu devras continuer à t’entraîner pour l’explosivité, maintenir ta vitesse de déplacement, optimiser ta récupération. Avoir une bonne santé cardio en Strongman est primordial.
C’est un équilibre délicat, mais nécessaire pour performer longtemps sans exploser en vol.
Tu peux aussi rester plus léger, plus affûté, et dominer ta catégorie grâce à ta technique, ta précision et ta capacité à répéter les efforts sans faiblir.
RÉcap
Tu n’as pas besoin d’être massif pour être un bon Strongman.
Tu as besoin d’être fort, explosif, mobile et intelligent dans ta préparation. Et surtout, d’être régulier et passionné dans ta progression.
Alors pose-toi la bonne question : veux-tu être plus gros, ou veux-tu être plus fort ?
Parce que les deux, ce n’est pas toujours la même chose.
👉 Si tu débutes, concentre-toi d’abord sur ta technique, ta force relative et ton conditionnement. Tu bâtis ta base.
👉 Si tu veux performer en Open, alors oui, tu devras grossir… mais avec méthode. En gardant toujours l’esprit “athlète”, pas juste “gros gars fort”.