On le connaissait à peine, et en l’espace d’un week-end, il est devenu une légende. En mai 2025, Rayno Nel est devenu le premier Africain à remporter le World’s Strongest Man, dans l’une des finales les plus spectaculaires et serrées de l’histoire. Face aux monstres que sont Tom Stoltman et Mitchell Hooper, l’ancien joueur de rugby sud-africain a prouvé qu’il avait tout pour marquer durablement le sport. Mais qui est vraiment ce géant discret, devenu le roi du Strongman mondial dès sa première participation ?
Un athlète venu de l’ombre
Rayno Nel n’a pas grandi dans l’univers du Strongman. Avant de charger des pierres de 200 kg, il plaquait des adversaires sur un terrain de rugby. Formé au sein des Free State Cheetahs, il a étudié l’ingénierie tout en cultivant une force naturelle hors normes.
Ce n’est qu’en 2023 qu’il tente sa chance dans les sports de force… Et il remporte dès sa première participation le titre de South Africa’s Strongest Man.
Très vite, il enchaîne les succès : double vainqueur du Strongman Champions League Africa, champion du monde de la SCL en 2024, performances solides au Siberian Power Show malgré une fracture du pied… Son palmarès monte en flèche, et il commence à faire parler de lui.
Mais personne, ou presque, ne le voyait capable de battre les titans du circuit mondial.

Une ascension éclair vers les sommets
Rayno Nel n’a pas seulement gagné des compétitions locales : il a dominé, tout en apprenant à une vitesse impressionnante. En 9 compétitions internationales, il en a gagné 8. Il a explosé des records, comme celui du chargement de pierres naturelles (4 pierres de 160 à 210 kg en 17,19 s), ou du Steinstossen avec un lancer de 3,20 m.
Mais surtout, il a prouvé qu’il était complet : deadlift monstrueux, grip solide, excellente capacité à se déplacer rapidement avec des charges massives… Et surtout, un mental d’acier. Il n’a jamais semblé paniquer, même face aux noms les plus redoutables du circuit.
Son parcours vers le WSM 2025 est l’exemple parfait : solide en groupe, il termine 1er avec la plus grande avance de tous les heats, devant des concurrents comme Mateusz Kieliszkowski ou Lucas Hatton.
Un World’s Strongest Man inoubliable
La finale du WSM 2025 restera dans les annales. Rayno entame la compétition avec un coup de tonnerre : victoire sur le Carry & Hoist en 30.58 s, quatre secondes plus rapide que Hooper et Stoltman.
Puis il enchaîne avec une 2e place sur le 18-inch Deadlift (490 kg) et une 2e place sur le Hercules Hold (75.63 s), juste derrière Eddie Williams. À l’issue du premier jour, il compte 7 points d’avance sur Hooper. Un écart énorme à ce niveau.
Le lendemain, il cale sur le Flintstone Barbell Press (188 kg validés mais échec à 200 kg). Stoltman et Hooper reviennent fort.
Tout se joue sur les Atlas Stones.
Tom charge les 5 pierres en 31.76 s. Rayno échoue sur la dernière, mais charge les 4 premières en 30.17 s.
Résultat : il devance Hooper pour 0,85 seconde, et s’impose avec 0,5 point d’avance sur Stoltman.
Une victoire arrachée dans le money time. Une finale à couper le souffle. Et une performance XXL pour un rookie sur la scène mondiale.
Regardez par vous-même :
Un style unique : puissance, efficacité, sang-froid
Ce qui frappe chez Rayno Nel, c’est sa maîtrise technique et mentale. Il ne gaspille aucun mouvement. Chaque épreuve semble planifiée au millimètre. Il ne panique jamais, même dans les moments critiques.
Son passé d’ingénieur n’y est sûrement pas pour rien : il aborde chaque compétition comme un problème à résoudre.
Physiquement, Nel mesure 1,91 m pour 148 kg. Un gabarit massif, mais moins extrême que certains géants du circuit.
Il compense avec une explosivité rare, une grande mobilité, et une capacité à rester frais même après plusieurs jours de compétition. Un athlète complet, prêt à performer dans tous les formats.
Et maintenant ? Le monde à ses pieds
Avec ce titre, Rayno Nel rejoint le cercle très fermé des champions du monde. Mais contrairement à d’autres surprises de l’histoire du Strongman, il ne donne pas l’impression d’être là par hasard.
Au contraire : il a corrigé ses lacunes en overhead, il est redoutable en grip, rapide sur les events dynamiques, et très solide en deadlift.
Il a déjà confirmé avec des victoires en Strongman Champions League Italie et Hollande après le WSM.
La question est simple : jusqu’où ira-t-il ? Peut-il dominer à long terme face à Mitchell Hooper, Stoltman, Mitchell ou Kordiyaka ? Réponse dès cette saison, avec peut-être un duel explosif à la Strongman Classic ou au Rogue Invitational.
un vent nouveau sur le Strongman
L’arrivée de Rayno Nel, c’est bien plus qu’une surprise. C’est un nouveau souffle pour le Strongman mondial. C’est la preuve que de nouveaux continents peuvent produire des champions.
C’est une invitation à repenser les standards du sport, à découvrir de nouveaux talents, et à célébrer la diversité de profils dans une discipline longtemps dominée par l’Europe et l’Amérique du Nord.
Rayno Nel ne parle pas fort. Il ne fanfaronne pas. Mais il est en train de redessiner la carte du Strongman à grands coups de performance. Et le plus beau ? Il ne fait que commencer.